La France – à travers l’Agence française de développement (AFD) – et Maurice ont signé deux conventions de financement en faveur de la résilience climatique, la neutralité en carbone, pour un montant total de 2,1 millions d’euros, soit un peu plus de Rs 100 millions. Ces deux subventions, l’une via la Facilité 2050 “Construire une vision commune et une trajectoire neutre en carbone et résiliente à l’horizon 2050” et l’autre, appelée FEXTE “Etude du littoral”, respectivement de 1,1 et de 1 million d’euros, visent à accompagner Maurice dans une meilleure compréhension et réponse aux enjeux soulevés par le changement climatique.
Cette coopération fait suite à la signature d’une convention de financement d’un prêt de contingence de la France à travers l’AFD au bénéfice de l’État mauricien pour un montant de 300 millions d’euros (Rs 1,5 milliard) en juillet 2020. À ce prêt est en effet adossé un ensemble d’assistance technique, financée par différentes subventions pour un total de plus de 4 millions d’euros (Rs 200 millions).
Ces fonds contribuent à la mise en œuvre d’expertises sectorielles et à l’animation de plateformes de dialogue de politiques publiques pour renforcer la résilience à long terme de Maurice sur quatre domaines spécifiques, à savoir la santé, la protection sociale, les finances publiques et, enfin, la lutte contre le changement climatique et la gestion des risques de catastrophes naturelles.
Après une année d’échanges et de réflexions engageant plusieurs ministères techniques sous l’égide des ministères de l’Environnement et des Finances, il a été convenu que l’AFD, au travers de l’enveloppe de subvention “Facilité 2050”, soutiendra Maurice dans l’élaboration d’une vision de long terme de sa résilience au changement climatique et de sa neutralité carbone.
Les objectifs de cette assistance technique, qui durera 30 mois, sont doubles : à la fois d’appuyer Maurice dans l’élaboration d’une stratégie de long terme (SLT) pour communication au secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et d’assurer la cohérence entre les objectifs de la prochaine contribution déterminée au niveau national (CDN) et le double impératif de neutralité carbone et de résilience à l’horizon 2050-2070.
Pour cet appui, quatre secteurs ont été jugés prioritaires : les deux secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre – et donc les plus dépendants à ce jour des énergies fossiles – que sont l’énergie et les transports, et les deux secteurs les plus vulnérables au changement climatique (agriculture et tourisme). Des travaux de modélisation de leur dynamique de long terme et des scénarios de transition seront élaborés par les acteurs eux-mêmes (publics, privés, associations), en partenariat avec l’Université des Mascareignes et l’appui technique de consultants.
Pour chaque secteur, six ateliers de travail, rassemblant les parties prenantes, seront organisés sur la durée du projet afin d’établir un consensus sur un diagnostic sectoriel, les enjeux critiques et principaux leviers de transformation, une hiérarchie d’objectifs, les scénarios possibles et une vision partagée d’une trajectoire transformationnelle pour un développement bas carbone et résilient. Cette vision servira de base à l’élaboration d’une stratégie de long terme au niveau national, tenant compte des interactions entre secteurs, des ressources du pays et des évolutions probables des paramètres internationaux et environnementaux.
Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, qui procédait à la signature de cet accord de financement, a expliqué que la question climatique est un enjeu de premier plan et que si la prise de conscience est bien réelle, « les actions doivent suivre ». Il a souligné que si Maurice contribue peu aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, les petits pays souffrent « de manière disproportionnée » des effets du changement climatique. Il a ensuite réitéré l’engagement du gouvernement en faveur de la protection de l’environnement, ajoutant que l’objectif est avant tout de « décarboner » notre secteur énergétique et d’atteindre les 60% d’énergies renouvelables d’ici 2030.2
Pour sa part, l’ambassadrice de France, Florence Causse-Tissier, a fait ressortir que l’océan Indien est la troisième région du monde la plus affectée par les phénomènes climatiques extrêmes, et dont le plus récent est le cyclone Batsirai. Elle a fait comprendre que si on veut limiter le réchauffement climatique, il faut réduire de 40% à 70% nos émissions de gaz à effet de serre, « alors qu’en fait elles ont augmenté ». Elle a insisté pour « des actions fortes, rapides et durables ».
André Pouilles-Duplaix, directeur de l’AFD à Maurice, a pour sa part rappelé les défis auxquels Maurice est confrontée et à quel point l’AFD a soutenu le pays « pour l’aider à faire face à la crise », dont un prêt de contingence de 300 millions d’euros. Il a aussi parlé de l’assistance technique liée à ces deux conventions de financement, qui permettront de faire des études des littoraux de Maurice et Rodrigues.